Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Diagonales de l'actu

Quand le « darwinisme éducatif » tombe le masque

25 Mai 2015 , Rédigé par Philippe Rivet Publié dans #Politique et éducation

Bruno Le Roux s'inquiète du "darwinisme éducatif"

Bruno Le Roux s'inquiète du "darwinisme éducatif"

C’est sans doute la formule la plus ciselée et qui fera le plus mouche dans le débat pas toujours très reluisant qui porte sur la réforme du collège. Que ce soit Bruno Le Roux, patron du groupe PS à l’Assemblée, ou un spin doctor avisé, qui ait qualifié de « darwinisme éducatif », la proposition de la droite portée pour l’instant par Bruno Le Maire, peu importe. Mais la formule porte un coup directement au cœur du projet qui prévoit très clairement de sélectionner les enfant quasiment au berceau en fonction de leur appartenance sociale, et donc de renforcer le caractère inégalitaire du collège. Et ne pas parlons de la suite du parcours scolaire. Ou quand le « darwinisme éducatif » tombe le masque.
L’attaque sur le « darwinisme éducatif » porte aussi un coup au cœur même de la droite, en pleine recomposition idéologique, entre les tenants du T Party (hyper-conservateurs, prêts à faire alliance avec un FN « recentré »), et les autres – encore majoritaires ? – libéraux et centristes, ouverts sur la société, démocrates et républicains, avocats de l’individualisme triomphant mais restant néanmoins soucieux d’offrir aussi leurs chances aux plus fragiles.
Mais combien sont-ils encore à considérer que l’école est le bien de la Nation, qu’il ne suffit plus de proclamer l’égalité des chances pour qu’elle se vérifie, que les dépenses en éducation constituent l’Investissement pour l’avenir ?
Le conservatisme n’est pas que de droite. Il est aussi de gauche. Dogmatique. Sectaire. Plus axé sur la défense d’un statut social protégé, soit disant au nom des masses laborieuses. On attend à ce sujet, pour nous démentir, que ces beaux esprits - dont certains commencent à mollir sur leur opposition à la réforme derrière une dialectique cache-sexe - quittent leur rente syndicale, leur classes des lycées huppés, pour déployer tout leur talent dans les secteurs les plus difficiles et, à entendre sur le terrain les témoignages de ceux qui y enseignent, et qui évoquent des parcours professionnels les plus enthousiasmants (même s’il ne faut pas nier les difficultés) sur les plans pédagogique et humain.
Non, le système éducatif n’est pas le plus mauvais de la planète, et permet à des élèves aux qualités sous-estimées parfois, d’émerger. Mais oui, les statistiques sont implacables et soulignent bien qu’ils favorisent quand même les privilégiés. Quitte à se passer de potentiels. Les nantis, qui la prônent pourtant dans leur discours, craindraient-ils la concurrence ?
Peut-être pourraient-ils méditer ce propos entendu récemment d’une IA : « Dans ma carrière, je n’ai jamais rencontré un élève cancre dans toutes les disciplines ».

Philippe RIVET

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article