Collège (5) : le sondage de trop

Le Maire trop pressé ?

Trop, c’est trop. Passons sur Bruno Le Maire qui prend ses camarades de vitesse en proposant dans Libé sa propre réforme, encore plus inégalitaire que le collège actuel, qui suggère de trier dès la 6e (et pourquoi pas dès la maternelle ?), au rebours des ambitions d’élévation de la formation des pays de l’UE. Après tout, il a au moins le « mérite » de proposer. Quitte à se prendre les pieds dans le tapis : après s’être posé en défenseur de l’allemand, il propose de supprimer la 2e langue vivante. Comprenne qui pourra…
Passons, mais alors très vite, tout en ne l’oubliant pas cependant, sur Alain Finkielkraut qui ose affirmer sur France Culture qu’ « on modifie l’enseignement de l’Histoire de France en fonction des nouveaux arrivés ». Allez, encore un effort pour abaisser le débat.
Cet effort, il est partagé à tout le moins par Odoxa qui vient de pondre un sondage commandé par Itélé qui s’inscrit dans la grande lignée des sondages n’apportant rien sur le fond, si ce n’est un gros soupçon de manipulation de l’opinion.
Réalisé sur Internet à partir d’un échantillon représentatif de 1025 personnes, nous précise-t-on (admettons que la rigueur scientifique soit de mise), ce sondage « révèle » que 61% des Français désapprouvent la réforme du collège car elle contribue à « niveler par le bas le niveau global des élèves ». Ben voyons.
Evidemment, les sondés possédaient tous une connaissance préalable approfondie de la réforme, avaient bien entendu sérieusement lu, relu, annoté le texte du projet, enrichi leurs lectures des analyses critiques et argumentées autour du projet, et sont naturellement familiers du labyrinthe educ nat. Suffisamment d’outils de réflexion pour produire un jugement éclairé et forcément synthétique à destination d’un institut de sondage. On y croit tous ?

Philippe RIVET