Arrière-garde

Alain Madelin critique ses amis de droite.

On ne peut décemment pas considérer Alain Madelin comme un homme de gauche. Même s’il est rangé des voitures, l’ancien d’Occident, devenu libéral, ne peut être soupçonné de jouer les supplétifs du pouvoir. Et pourtant, il trouve plutôt mal la réforme du collège. Et il le dit haut et fort, en taclant au passage la droite qui mène, selon lui « un combat d’arrière-garde ».
Une droite à la ramasse avec Bruno Le Maire, pourtant courtoisement combatif, ce jeudi soir sur Itélé et Europe 1. Le porte-parole autoproclamé de l’UMP sur le collège a eu du mal à faire passer son message face à Najat Vallaud-Belkacem, d’une sérénité pugnace. Il a même réussi l’exploit à se faire recadrer par JP Elkabbach, qui ne passe pourtant pas lui non plus pour un suppôt de la gauche mais sait témoigner d’un professionnalisme vigilant dans ce genre de débat.
Il faut dire que Le Maire n’est pas aidé par ses amis, par leur bilan comme le glissa NVB. Pas aidé par un François Fillon qui instaura le socle commun en 2005. Par un Nicolas Sarkozy sur les tréteaux hier soir qui – persevare diabolicum ironise le lab d’Europe 1 – nous a resservi sur « 1793 de Victor Hugo ». Le Maire n’a pas tort : il faut insister sur le français et l’histoire au collège.
D’ici le prochain débat, Le Maire devra aussi mieux lire les textes et réviser ses fiches. Mais Najat Vallaud-Belkacem, qui a pourtant su développer un argumentaire et une riposte solides, devra quant à elle se dispenser de répéter à l’envi que tous les métiers de demain seront hautement qualifiés, à forte valeur ajoutée, etc Ce qui sera bien sûr faux. Il faudra toujours des femmes de ménage, des éboueurs, etc. L’argument consistant à plaider en faveur de la scolarité jusqu’au bac devrait davantage relever du souhait de voir des citoyens mieux formés, plus éclairés, quel que soit leur job. Ce qu’on appelle des compétences sociales, qui peuvent permettre également d’évoluer professionnellement.

Philippe RIVET