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Dallas en Grand Est ton univers impitoyable (4) Docteur Jean et Mister Rottner : de révélations en révélations, de sidération en fulmination
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Il fallait oser. Ils vont oser. En principe, ce vendredi 13 doit se dérouler l'élection du successeur de Jean Rottner à la tête de la Région Grand Est, à Saint-Clément à Metz, et non pas au siège de la collectivité à Strasbourg. Un déport vers l'ouest, qui sera encore plus marqué en fin de journée, n'en déplaise aux Alsaciens, puisque c'est le champenois Franck Leroy, président par intérim, ancien directeur de campagne du démissionnaire, donc un très proche, qui devrait s'installer dans le fauteuil présidentiel.
Serait-ce pour conjurer le mauvais sort, ou pour braver toute superstition, toujours accrochée dans les recoins des cerveaux les plus rationnels ? En effet, comme le rappelait L'Est Républicain ce jeudi, la Régioin semble être marquée par plusieurs coups du sort : deux présidents de l'Alsace sont décédés en cours de mandat, Marcel Rudloff et Adrien Zeller, deux présidents du Grand Est ne sont pas allés jusqu'au bout de leur mandat, Philippe Richert, puis Jean Rottner.
Conjuration du mauvais sort ou pas, toujours est-il que la réunion prévue initialement le jeudi 12 a été repoussée au lendemain, deux semaines complètes n' étant sans doute pas de trop pour calmer la tempête sous les crânes déclenché par le départ surprise de Jean Rottner. Ce dernier a déposé sa démission dans la corbeille le 20 décembre, au début de la trève des confiseurs, à la veille de Noël, faisant passer ses collègues pour des ravis de la crèche tant ils ont tous été saisis de sidération. Doux Jésus se sont exclamés les plus polis et croyants, quel bordel ont lâché les plus crus et pas forcément croyants. Avant, dans un premier temps, de se ressaisir, en saluant selon les termes du communiqué les " impératifs familiaux" mis en avant pour justifier la décision de démission.
En fait, dans ce qui deviendra une saga (loin d'être terminée) avec " JR" comme acteur principal, il faut, à ce stade, distinguer trois phases pour décrypter le film qui se joue depuis trois semaines avec Docteur Jean et Mister Rottner comme acteur principal.
La première phase sur le mode compréhension et humanité, respect d'une décision personnelle privilégiant le facteur humain. Même si quelques interrogations commençaient de se faire jour, quant à l'agenda de la décision.
Deuxième phase, plus critique, quand l'on découvre, grâce aux investigations de la presse (Merci à la PQR), que ce que l'on peut qualifier de "coup" avait été monté dans le plus grand secret, au lendemain de la constitution du nouveau gouvernement, avec la saisine par JR de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique le 12 juillet. La réponse, apprendra-t-on seulement fin décembre, était tombée en septembre. L'intéressé n'en avait dit mot. C'est davantage un feu orange qu'un feu vert pour sa reconversion car la HATVP a émis un avis "avec réserve". Pas une interdiction, mais une un nouveau cap sous haute surveillance, est-il précisé, et assorti d'un certain nombre d'interdictions. La reconversion ne concerne pas l'élevage de moutons dans les Hautes Vosges mais la direction déléguée de l'antenne Grand Est (dont l'ouverture est prévue à l'été 2023) d'un groupe immobilier.
Troisième phase, et non la moindre en terme de retentissement : la révélation par les DNA de l'activité dee consultant de JR pendant son mandat présidentiel avec un prestataire ayant partie liée avec la Région Grand Est. Première question qui vient à l'esprit : à quoi sert le déontologue recruté par l'institution ? On peut s'interroger sur sa marge de manoeuvre, son utilité, quand on constate qu'une présidente de commission, condamnée pour prise illégale d'intérêt parce que la Région avait subventionné une association dont son mari était trésorier sans qu'elle le signale à ses petits camarades, est restée en poste.
On observera qu'en dépit de l'immensité de la tache, président du Grand Est n'est pas " un full time job", même si le travail de consultant ne l'occupait que quelques jours (deux selon l'enquête journalistique) par mois - et pour 5000 euros ! - JR étant resté par ailleurs premier adjoint au maire de Mulhouse.
Cette succession de révélations, qui relèguent assez loin dans la chaîne des arguments les " impératifs familiaux", concernant le ci-devant président ont interpellé non seulement les oppositions mais aussi sa majorité, plus discrète, forcément, mais qui n'en pense pas moins. Avant de relancer une dynamique pourtant bien engagée par Rottner, son successeur va devoir se consacrer à restaurer une image positive, si c'est possible, de l'exécutif, de sa majorité, et au-delà de l'institution toute entière.
"Grand président, petite sortie", avait confié un élu qui compte dans la majorité, entre colère et amertume, inquiet aussi de l'impact sur l'image de la politique et des politiques. Rottner, pour l'instant, s'est réfugié dans le silence. Mais s'exprimera-t-il un jour pour tourner la page avec une élégance aujourd'hui écornée ?
En attendant, les question ne vont pas manquer de fuser ce vendredi, les postures et les impostures aussi. Les surprises sans doute lors des votes à bulletins secrets. La prochaine présidence ne s'annonce pas des plus sereines.
Philippe RIVET
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