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Diagonales de l'actu

Quand le président du parti radical se prend les pieds dans le tapis

24 Mars 2024 , Rédigé par Philippe Rivet

Quand le président du parti radical se prend les pieds dans le tapis

Laurent Hénart est un garçon sympathique. D'abord généralement souriant, empathique, il devient plus chatouilleux dès que sont évoqués ses difficultés politiques. Même ses "amis" disent de lui qu'il peine à faire l'examen objectivé de sa défaite aux municipales en 2020. Certains rappellent cruellement comment il a été obligé de passer sous les fourches caudines du parti présidentiel, en incorporant dans les premiers de sa liste la députée Carole Grandjean (qu'il avait farouchement combattue trois ans plus tôt) de même que son suppléant, pour obtenir une investiture d'une majorité qui semblait avoir le vent dans le dos. D'aucuns évoquent l'énergie qu'il déploie pour se placer aux élections européennes sur la liste Renew, laquelle a plutôt, selon les sondages, le vent de face, et pourrait compter peu d'élus. Autant dire que les places sont très prisée, le plus haut possible. Mais entre les municipales et le Parlement européen, il faudra choisir...Peut-être rêve-t-il déjà à succéder à Carole Grandjean qui quitte le navire parlementaire national ? Il ne fut pas le pire des parlementaires nancéiens.

Président de parti, même s'il s'agit d'un très petit parti, qui ne joue plus le rôle charnière qui lui était prêté naguère, Laurent Hénart pouvait espérer une place éventuellement éligible. Le pourra-t-il encore après la publication en février, mais seulement médiatisé ce dimanche, avec la publication d'un communiqué du parti socialiste 54 épinglant le président du PR, du rapport de la Commission nationale des comptes de campagne et de financement des partis politiques. Rapport qui n'est pas à l'honneur du PR ni de son président, il faut bien le dire.

Le PR est épinglé pour " non respect  des obligations légales au titre de l'exercice 2022". Il n'est "pas autorisé à financer un candidat ou un parti", il perd son "droit à la réduction d'impôt" (pour ses soutiens financiers) jusqu'au 1er janvier 2025, perd aussi l'aide publique jusqu'à la même date.

Autrement dit, la gestion du PR n'est guère brillante. Les sanctions imposées par la CNCCFP ne peuvent qu'écorner l'image du candidat aux européennes et aux municipales. Que le PS local l'épingle lui a donné quelques boutons et L'Est Républicain lui ouvre ses colonnes pour s'expliquer. Ce qu'il fait sans vraiment prendre de la hauteur, en naviguant entre différents registres, sans assurer ses arrières.  Qu'il rappelle que le PS ait été contraint de vendre Solférino " pour éviter la banqueroute" est factuel, mais cela à comparer le PS au PR est tout de même osé en terme de surface numérique et électorale. Même si le PS n'est plus que l'ombre de lui-même il compte encore suffisamment de députés pour faire un groupe à l'Assemblée, et surtout un nombre important d'élus locaux. Propres à ravir, contre toute attente, certaines municipalités comme en 2020 à Nancy...

Que Laurent Hénart reproche à Mathieu Klein d'augmenter les impôts est un argument qui porte, dans l'absolu. Le premier ne les avait pas augmentés pendant son mandat, le second avait promis de ne pas le faire non plus. Ne pas les augmenter n'est pas forcément un signe de gestion dynamique, ni de mauvaise gestion non plus, les augmenter après s'être engagé à ne pas le faire interpelle forcément les citoyens, qui peuvent aussi entendre (éventuellement) l'argument des charges depuis 2020 qui flambent. Le problème pour Laurent Hénart et l'opposition, c'est que les vice-présidents de la métropole issus de ladite opposition ont voté l'augmentation de la taxe foncière sans mot dire, à l'exception de François Werner, le plus malin qui a demandé en même temps la mise en place d'un comité de suivi de la dépense publique. Accessoirement, les vice-présidents en question s'étaient engagés à ne pas voter d'augmentation d'impôt. Aucun, à ma connaissance, n'a à ce jour présenté sa démission pour marquer son désaccord.

Ce n'est pas le sujet de ce blog, mais associer l'opposition à l'exécutif pose un vrai problème démocratique, me semble-t-il. Si la politique doit s'apparenter à la science du compromis en régime civilisé, il n'est pas certain que l'existence d'un exécutif bicolore soit aisément compréhensible ni se justifie vraiment. Le débat reste ouvert.

Il est sain que le débat se partage entre majorité et opposition. A condition que la clarté préside aux échanges. Quand le maire de Nancy présente une motion pour dénoncer les fermetures de classes en début d'année, un grand classique quelle que soit la couleur de la municipalité, l'opposition fait savoir son accord tout en indiquant qu'elle ne participera pas au vote. Les mêmes qui siègent à la métropole voterontà l'unanimité la motion identique présentée par l'exécutif. J'avoue humblement que j'ai  du mal à suivre depuis mon Aventin certains zigzags de la vie publique.

Mais ce que j'en dis...Parole de citoyen tout de même.

Philippe RIVET

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