Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Diagonales de l'actu

Grand Est : la succession de Rottner un vendredi 13, la Lorraine cocufiée ?

28 Décembre 2022 , Rédigé par Philippe Rivet

Grand Est : la succession de Rottner un vendredi 13, la Lorraine cocufiée ?

 Ultime (?) pied de nez de Jean Rottner à son parti ? Le prochain président (ou prochaine présidente ?) de la Région Grand Est ne devrait pas être un élu LR.  Sale temps pour Les Républicains qui, après PACA, s'apprêtent à perdre une deuxième grande région.  Comme les emmerdes ça vole toujours en escadrilles", dixit Chirac, il appartiendra à Valérie Debord, présidente du groupe majoritaire d'expliquer de surcroît à ses collègues LR que la Lorraine passera une troisième fois devant la glace pour la présidence de la Région.

Le choix de Philippe Richert avait déjà fait des vagues. Celui de Jean Rottner s'était imposé dans la douleur, faute de prétendants suffisamment en cour en Lorraine. Et voilà qu'avec Franck Leroy, maire macroniste d'Epernay (même légèrement en marge comme adhérent d'Horizons d'Edouard Philippe), il va falloir pactiser avec le diable macroniste et non lorrain pour les LR historiques et les ambitieux (parfois les mêmes). Le calice jusqu'à la lie. Tout en faisant face à la candidature d'un Lorrain d'adoption électorale, le député RN de la Fensch, Laurent Jacobelli, seul candidat d'opposition déclaré à ce jour, tandis que ni le groupe centro-macroniste ni le PS, ne présenteront a priori de candidats, les Verts ne dévoilant par leur jeu à ce jour.  Comme le vote est à bulletins secrets, des élus LR iront-ils jusqu'à voter Jacobelli ? Ce  dernier doit y penser chaque matin en se rasant. L'hypothèse n'étant pas forcément absurde si l'on se souvient du groupe  dissident Alsace et territoires, composé d'élus qui avaient refusé de voter Rottner, et s'alignaient de temps à autre sur les positions de l'extrême droite.

Des enseignements nationaux ne manqueront pas d'être tirés. Le groupe officiel macroniste s'abstiendra-t-il ou votera-t-il pour le " cousin " ce qui consistera un signal de positionnement nouveau ? Les macronistes de la majorité monteront-ils au créneau publiquement pour expliquer que Macron doit désormais s'allier avec la droite au plan national ?  Y-aura-t-il des consignes de  vote de Ciotti  à ses ouailles  ou pas ?  Consigne qui ne pourra s'appliquer au maire de Metz, François Grosdidier, qui a quitté LR au lendemain de l'élection dudit Ciotti...

Il ne fait pas de doute que la trêve des confiseurs ne s'est pas invitée au conseil régional en cette fin d'année ; c'est plutôt la tempête sous les crânes qui fait rage en coulisse.

Arithmétiquement parlant, on peut se demander  en passant pourquoi un candidat lorrain n'émerge pas. Après tout, c'est la Région qui envoie le plus fort contingent d'élus, sauf qu'ils se répartissent sur tout le spectre politique. Si les Alsaciens savent jouer unis territorialement (ou relativement mieux que les autres), il est cependant difficile d'envisager une telle union sacrée en Lorraine, surtout avec l'extrême droite.

Il n'empêche :  comment se fait-il qu'aucun élu lorrain de la majorité ne puisse a priori susciter un élan de soutien le transformant en candidat à la présidence ? C'est la question qui dérange, qui irrite, qui désespère. La présidente du groupe majoritaire a elle-même pris les devants en expliquant benoîtement qu'elle ne serait pas candidate, notamment pour convenances personnelles. Pour autant, si personne n'avançait publiquement son nom, elle n'a quant à elle suggéré aucun nom de collègue.  Certains regards se sont pourtant tournés vers le maire de Villers, François Werner (Nouveau Centre), plus LR compatible que Leroy, tout en entretenant des relations civiles avec la sphère macroniste. Les pressions n'ont pas manqué, sans qu'il sorte, pour l'instant, du bois, avec des chances non négligeables, s'il le veut bien.

Certes, Leroy n'a pas démérité dans ses fonctions de vice-président, son entregent, sa rondeur, l'ont rendu fréquentables par la plupart des élus et de l'administration.  Le presque sexagénaire marnais s'apprête à basculer dans un autre monde, une sorte de métavers politique Grand Est, attendu au virage  par beaucoup de monde. Les Champenois voudront vendanger cette opportunité, les Alsaciens crieront encore plus fort qu'on les dépouille de leur légitimité à diriger la région. Sans parler des cris d'orfraie des irrédentistes habituels. Quant aux Lorrains, ils pourront se plaindre d'être pris en étau entre Champenois et Alsaciens.

Une crainte légitime si on regarde dans le rétroviseur. En Lorraine, les accords infra-régionaux ont souvent été conclus entre Moselle et Vosges pour contraindre, ou oublier, la Meurthe-et-Moselle. Les rapports de force et les intérêts bien compris, c'est quand même vieux comme le monde politique, non ?

On nous objectera qu'il faut regarder l'architecture de l'exécutif avant de crier au loup, qui sera premier vice-président, quels seront les portefeuilles des différents vice-présidents, la marge de manoeuvre des présidents de commission, etc... Une certitude : une nouvelle démission présidentielle, ou celle d'autres vice-présidents, comme les trois qui viennent de se produire (Valence, Robinet, Ravignon), pourraient bien être fatales à la stabilité déjà fragile du Grand Est.

C'est donc avec une pression maximale sur ses épaules que le successeur de Rottner devrait prendre ses fonctions en janvier pour tenter de durer jusqu'en 2027 !

Les conseiller régionaux ne sont pas gens superstitieux (ou alors entendent-ils ainsi conjurer tout mauvais sort) : mais, si l'on en croit la presse,  ce serait non plus le jeudi 12 janvier mais le vendredi 13 que les 169 élus se réuniront à Metz, et non à Strasbourg,  pour élire leur nouveau président. A moins que la fumée blanche tarde à sortir  de Saint-Clément ?

Et d'ici là, il peut se passer encore tant de rebondissements dont la politique a le secret !

Philippe RIVET

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article