Nouvelle histoire d'eau à Nancy Thermal : Nancy Très Mal ?

Triste anniversaire pour le site Nancy Thermal, joyau pourtant prometteur d'un avenir radieux, dix ans après avoir décroché l'avis favorable de l'Académie de médecine pour l'exploitation  de la source d'eau minérale naturelle à des fins thérapeuthiques. Le site est pourtant aujourd'hui davantage source de soucis que de bien-être pour ses curistes ou nageurs de loisirs. A se demander s'il n'est pas menacé de prendre l'eau, après le énième " dysfonctionnement" selon la terminologie officielle, survenu dimanche avec le bassin olympique qui s'est vidé des deux tiers de son contenu et inondé le local technique adjacent. Selon France Bleu, qui cite la direction de Valvital, l'exploitant des lieux, l'origine serait à chercher du côté de la fêlure d'un tuyau.

A moins que l'explication avancée, sous réserve d'expertises plus approfondies, ne s'apparente à un tuyau percé, tant il est vrai qu'obtenir des infos vérifiables et solides sur les désordres successifs n'a jamais été une (siné)cure pour les journalistes, l'opérateur ayant une fâcheuse tendance à se dédouaner sur le constructeur, selon une communication finement ciselée ressemblant à une langue de bois qui résiste bien à l'eau.

Ce n'est pas seulement une histoire de fuite qui intéresse en réalité tous les acteurs, au premier chef la Métropole du Grand Nancy, actionnaire à 85 % de la nouvelle société d'économie mixte, la banque des territoires (Caisse des Dépôts), y est présente à 15%, et ValVital, qui ne se mouille pas beaucoup, à 5%.

Les cures que ValVital souhaite relancer en juin, restent tributaires non seulement d'amélioration notable dans l'accueil des curistes, qui avait soulevé bien des réprobations et critiques l'an dernier, mais surtout sont suspendues au feu vert de l'Agence régionale de santé (ARS) qui avait imposé son veto au regard de la qualité de l'eau à trois reprises les 20 avril, 11 mai et 18 août.

Nul doute que l'ARS, qui sait se montrer sourcilleuse,  suivra à la loupe le dernier " dysfonctionnement" et redoublera de vigilance et d'exigence avant de donner son accord à la reprise des activités de cure.

En tout cas, en matière de trransparence, de gros progrès sont encore à accomplir.  Depuis le début du feuilleton, on n'a pas beaucoup entendu ValVital, si ce n'est pour entonner des communiqués de victoire fort provisoires, Bouygues Bâtiment Nord-Est, filiale de Bouygues Construction, cultive une discrétion de violette et quant aux deux autres concepteurs du projet, Architectes Anne Demians et Agence Chabanne Architeture et Ingéniérie, hormis le fait de figurer sur le site de Nancy Thermal (d'une lisse sérénité), on les aurait presque oubliés.

Tout ce petit monde n'aurait rien à dire, et se laverait les mains (à l'eau de source) de la situation qu'il ne s'y prendrait pas autrement.

Fâcheux. Car après les trompettes de la renommée embouchées avec raison sur un projet qui avait toute sa légitimité, pour peu qu'il ait été conçu dans les règles de l'art,  et échappe aux critiques habituelles à l'encontre du monde de la construction,  une réalisation de 100 millions d'euros, confrontée à des difficultés fonctionnelles, mérite bien de porter des éléments d'information à la connaissance des usagers, et plus largement de l'ensemble des citoyens, surtout ceux qui ont ravi qu'une nouvelle vie soit donnée à un riche patrimoine.

Faudra-t-il encore ramer ? Cette discipline ne figurant pas dans le catalogue du site, bon courage aux consoeurs et confrères partis à la chasse aux infos.

Philippe RIVET