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Diagonales de l'actu

Quand un collège prend l'eau et que les élus ne se mouillent pas...

12 Décembre 2022 , Rédigé par Philippe Rivet

Quand un collège prend l'eau et que les élus ne se mouillent pas...

Les déboires du collège Niki-de-Saint-Phalle à Nancy évoqués vendredi et ce lundi avec justesse dans L'Est Républicain pourraient bien inaugurer une série de surprises et d'interrogations en termes de sécurité de l'immobilier départemental, en particulier les  établissements scolaires de son ressort, et de gouvernance face aux difficultés rencontrées.

La Une de L'Est sur " le collège qui prend l'eau" a été jugée par d'aucuns quelque peu excessive, dure, voire cruelle. Personnellement, je ne trouve pas, et ce point de vue ne s'explique pas par le fait que je suis un ancien de cette maison. Je suis un lecteur suffisamment critique pour affirmer mon soutien ou prendre mes distances quand je l'estime judicieux. 

Car cet article met au jour en vérité plusieurs dimensions qui, rassemblées, donnent une image peu glorieuse de l'institution, et suscite davantage de questions qu'il n'apporte de réponses, faute d'interlocuteurs en mesure de livrer des infos, ou pas à la hauteur.

Sur les faits  eux-mêmes, si j'en crois la directrice Bâtiments, les alertes adressées fin août ont été sans grand effet, puisque le collège a ouvert ses portes à la rentrée de septembre, sur les chapeaux de roue pourrait-on ajouter, tant la fin de chantier semblait relever de l'utopie quelques heures avant ladite rentrée. Manifestement, soit les désordres n' étaient pas très apparents, soit la commission de sécurité a estimé qu'ils ne présentaient pas de risques pour les élèves et le personnel. Elle ne statue pas sur les conditions de travail...

Si, à la lecture de l'article, on sursaute aux réponses faites par la directrice Bâtiments, ce n'est pas tant sur le fond, que sur le fait que ce soit une fonctionnaire, fusse-t-elle de l'encadrement, qui réponde et non l'élu en charge de l'immobilier. Difficile de savoir de qui il s'agit, cette responsabilité n'apparaît pas dans les fiches de poste des vice-présidents sur le site du CD54. A moins qu'elle se dissimule sous celui de VP à l'aménagement (André Corzani) ?

Mais si du côté de l'éducation, c'est bien le vice-président en charge du dossier, Jacky Zanardo,  qui prend la parole, on peut au minimum trouver qu'il ne s'est pas montré à la hauteur, voire maladroit, dans sa formulation. D'autant qu'il fut lui-même chef d'établissement...." J'ai eu la même chose sur mon habitation, alors vous savez...", explique-t-il benoîtement , à L'Est Républicain.

Faut-il rappeler à l'élu communiste du canton de Jarny qu'il y a une différence fondamentale entre la sphère privée et la sphère publique, la première ne regardant que lui et n'engageant que ses propres deniers, la seconde regardant tous les citoyens, concernés au premier chef par le financement de l'établissement, 14 millions d'euros, une somme que l'on imagine infiniment plus conséquente que celle de la résidence privée du vice-président... En ajoutant à la dimension collective 380 élèves et une cinquantaine de personnels, manifestement ignorés par l'élu référent. Ce qui pourrait s'apparenter à une forme de désinvolture sonne mal alors que le niveau baisse officiellement dans les collèges, que le ministre de l'Education entend se mettre au chevet du " maillon faible"  du système éducatif.

Par conséquent, on peut s'interroger sur les modalités de communication de la collectivité, tant internes qu'externes ? Pourquoi pas une montée au créneau de la présidente qui déclarait lors de l'inauguration que "  ce collège était  l'étendard d'une nouvelle manière de concevoir un établissement scolaire";  ou de son bras droit, la DGS, sur un dossier aussi sensible et emblématique ?

De Heillecourt (Montaigu) à Homécourt, les désordres affectant les collèges se succèdent. Alors plusieurs questions s'imposent : les chantiers ont-ils été surveillés comme il se doit par le maître d'ouvrage ? Les entreprises ont-elles respecté les cahiers des charges, qualitativement et quantitativement ?  Le secteur retenu était-il pertinent quand on sait les difficultés rencontrées lors du chantier voisin Artem (une forêt de pieux renforcée pour assurer une stabilité des immeubles sur un terrain naguère marécageux) ?  N'aurait-il pas été plus raisonnable de différer de quelques mois l'ouverture du nouveau collège, réalisation emblématique du plan ambitieux Collèges nouvelle génération ?  Y-a-t-il eu des pressions politiques pour ne pas différer cette rentrée ? Des pressions rectorales ou de l'inspection académiques ?  A ces questions, pas de réponses dans l'immédiat.

On comprend par conséquent les inquiétudes du représentant des parents d'élèves qui pointe une autre bizarrerie : la distance du gymnase (vingt minutes à pied), situé à côté de l'ex-collège. N'aurait-il pas été possible de conventionner avec les installations sportives sises sur le site d'Artem ou le gymnase municipal situé à 100 mètres dans le même quartier ? A condition sans doute d'anticiper....Car on peut néanmoins comprendre que la construction d'un nouveau gymnase n 'ait pas été à l'ordre du jour, compte tenu des installations existantes à proximité.

Quand un collège prend l'eau, et que les élus ne se mouillent pas, il y a comme un hiatus qui raconte beaucoup sur la gouvernance. Ce serait vraiment dommage de figer ainsi une image désastreuse. D'autant qu'un nouveau collège se profile, non sans avoir affronter de grosses difficultés, d'ordre politiques, pour émerger sur le plateau de Haye.

Philippe RIVET

 

 

 

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