Confinement Jour 11

Il devra rendre des comptes, lui aussi.

Confinement Jour 11. Le 12e s'amorce, avec un espoir, celui de gagner une heure contre le virus avec le changement horaire programmé dans la nuit de samedi à dimanche. Victoire dérisoire. Mais victoire quand même. On s'accroche à ce qu'on peut après deux semaines de confinement. Pas de sorties, ou le strict minimum pour les courses. Et finalement quelques pas dans les allées de ma copro ou à proximité. J'ose à peine. Comme si je n'étais plus habitué à respirer l'air de la rue, cette impression ressentie quand on sort d'une immobilisation forcée à la maison après une maladie ou une opération.

Confinement. Le confinement peut-il être synonyme de liberté ? Oui, très probablement, pour les quatre otages libérés, dont un Francais, en Irak, et pour le chercheur français libéré en Iran.

Comptes et mécomptes. La petite musique monte. Des comptes seront à rendre. Normal. Eviter les dérapages de l'épuration, mais dire et montrer les choses, le minimum dans une démocratie, non ?

Rumeur. Tiens l'Iran, au fait, on n'en parle plus, m'interpelle mon épouse. C'est vrai. Info d'Euronews de vendredi : 2378 morts, plus de 32000 personnes contaminées. Et surtout une rumeur meurtrière sur les réseaux sociaux iraniens : l'alcool sera efficace contre le virus. Dans un pays où la vente d'alcool est interdite,  la contrebande d'alcool frelaté, le plus souvent fabriqué avec des produits toxiques,  comme le méthanol, se développe. Déjà 300 morts auraient été recensés.

Désertion. La CGT a-t-elle perdu la boule ? Quand elle appelle à la grève, en déposant un préavis courant sur tout le mois d'avril, on se pince : fake news ? Non pas. Pendant la crise, le combat social continue, plastronne le général Tapioca. Provoc ? Inconscience ? Désertion en temps de guerre ? Au minimum grotesque. S'il est du devoir des syndicats d'user de leur fonction tribunitienne pour alerter sur des abus possibles (privilégier la marche de l'économie sur la santé des gens), brandir l'arme nucléaire est pour le moins contreproductif, pire, cela pourrait décourager les bonnes volontés, dont certaines portent haut le terme de solidarité, la peur au ventre. Martinez au turbin, montre l'exemple camarade !

Invisibles. Merci et encore merci à tous ces invisibles qui se se portent volontaires pour renforcer des équipes décimées. Comme cette dame que j'ai interviewée ce matin dans L'Est. Agent de collège habituellement elle prête main forte à la pouponnière. " La solidarité, c'est maintenant", explique-t-elle simplement. Transmis à Martinez et consorts, aux bobos parisiens planqués à la campagne, et à tous ceux qui relèvent de la même connerie égoïste et minable.

Pays bien bas. Nos voisins bataves ont vraiment perdu la tête. Pas de confinement radical. Mais ils sollicitent la Belgique pour accueillir leurs malades. Et refusent de venir en aide aux pays européens les plus touchés.

Europe. C'est devenue ça l'Europe. Je plains notre président qui rame pour obtenir une solidarité budgétaire européenne. Tandis que l'Allemagne s'arcboute sur ses finances. Mais un bon point quand même pour nos voisins d'outre-Rhin, leurs hôpitaux savent se montrer solidaires avec le Grand Est. C'est aussi ça l'Europe. Bravo et merci.

Dividendes. Le gouvernement demande aux actionnaires de modérer les dividendes. Message pas reçu du tout par BNP Paribas, qui maintient son CA du 19 mai et le versement des dividendes. Elle aussi devra rendre des comptes, et pas seulement à ses clients.

Bonnet d'âne. Certains internautes l'ont jeté sur la tête de Sibeth Ndiaye. Avec raison. En récapitulant ces derniers jours, j'ai envie de le coiffer sur les crânes de Toubon, défenseur des droits drapé dans sa probité candide,  qui demande un débat public sur la restriction des libertés publiques. C'est vraiment le moment. Bonnet d'âne à Retailleau, président du groupe LR au Sénat, qui accuse la garde des Sceaux de vouloir libérer de dangereux récidivistes. Elle n'a jamais dit ça en voulant réduire exceptionnellement de quelques jour des peines de détenus qui ne présenteraient pas de danger pour la société. Pour Retailleau, j'imagine que le procureur de Paris n'est qu'un immonde gauchiste quand il suggère de transformer les peines de ceux condamnés pour infraction au confinement, en peine d'intérêt général dans les hôpitaux.

Lecture-remède. Ce virus, qui trotte dans la tête, qui s'insinue dans vos neurones.  Le remède  ? se plonger dans un bon gros livre qui vous absorbe. Pas évident, des amis pourtant grands lecteurs me confient leur difficulté à se sortir de cette atmosphère et saisir l'occasion d'une évasion livresque. " Lire c'est avoir de l'esprit jusqu'au bout des doigts" (Bernard Pivot). C'est ma citation du jour. Alors, lisons ! 

A demain. Peut-être.

Philippe RIVET