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Diagonales de l'actu

Emmerder les emmerdeurs : Et si ce n'était que justice ?

8 Janvier 2022 , Rédigé par Philippe Rivet

Emmerder les emmerdeurs : Et si ce n'était que justice ?

Indignation feinte ou surjouée, dictature d'une minorité, stop ou encore ? Emmerder les emmerdeurs ne peut être que justice à partir d'un certain temps, non ? Mon coup de gueule vous emmerde ? Tourner la page.

Quand on arrive à un certain point, il faut cesser de rester inerte et dire leur fait aux mauvais plaisantins d'opérette. Quand ils persistent à focaliser sur les propos certes un peu lestes mais justifiés vu le contexte - j'y reviendrai - du président de la République, quand ils feignent de s'indigner ou surjouent carrément leur indignation, drapés dans la toge de l'exemplarité bien sûr pure et sans tache, cela pourrait relever du (mauvais) comique de boulevard, de la comédie politique, dont les Français sont las, si la situation critique ne dépassait pas largement les engagements partisans et les idéologies portées par les différents acteurs de la scène publique.

Les mêmes qui reprochaient à l'exécutif de vouloir ménager les antivax il y a un an en donnant l'impression de procastiner sur la mise en place de la vaccination de masse osent aujourd'hui vitupérer sans vergogne contre un homme dont j'ai eu l'occasion par le passer de dénoncer le côté souvent cassant et peu empathique mais qui , aujourd'hui, a fait montre d'une belle patience démocratique avant de piquer son coup de gueule et de rendre enfin, de fait, le vaccin obligatoire.

Un homme qui s'exprime certes de façon calculée - quel acteur public ne le fait pas ? - de manière disruptive pour exprimer un ras-le-bol majoritaire et destiné à frapper les esprits, enfin ceux encore en capacité de sortir de la misologie dont on pourrait aisément les taxer.

Ce sera sans doute peine perdue pour une partie  d'entre eux, mais le passe vaccinal les renverra enfin clairement, publiquement, à leur propre turpitude, leur propre irresponsabilité. Irresponsabilité qui ne fait plus d'eux des citoyens éthiques, soucieux d'autrui. Car c'est bien dans cet esprit qu'il fallait comprendre le propos présidentiel et non pas céder à des contresens trop commodes brandis par les rois et reines à la gachette facile et autre directeurs de conscience autoproclamés sur les plateaux télés ou radios avides de clashs.

L'expression " J'ai envie d'emmerder les non vaccinés" est justement et volontairement disruptive. Pour mieux rompre avec le lexique jugé parfois trop ampoulé voire trop abstrait par les mêmes commentateurs qui dénoncent le recours à un vocabulaire jugé indigne de la part d'un chef d'Etat.

Quitte à les décevoir, voire les agacer, force est d'admettre que le propos n'a rien de vraiment choquant, pris dans le climat textuel de l'interview. Extrait brutalement, san recontextualisation, il n'appartient plus à son locuteur, il est aussitôt torturé, déformé, comme s'il nourrissait une simple polémique agitant deux camps placés sur un même plan.  Ce qui est loin d'être le cas.

D'un côté, une forte majorité de personnes, 90 %, vaccinés, après avoir, pour certaines, été durement confrontées à la pandémie. De l'autre, une minorité, 10%, des non vaccinés la plupart du temps dépourvus d'arguments rationnels validés par la science, un groupe qui compte plusieurs sous-groupes :

- les décérébrés, contingent d'irréductibles que la misologie  concerne au premier chef, parfois pour certains jusqu'à la mort dans d'atroces souffrances.

- les manipulateurs, parfois pris sur le fait de citations tronquées et parfois même vaccinés en loucedé, qui dévoient ce si joli mot de liberté pour tenter de justifier l'injustifiable.

- les antivax critique, ceux qui conservent encore une  capacité de réflexion, et de lutte contre les préjugés, qui finissent par se ranger à l'évidence et aux contraintes, dont on peut entendre certaines de leurs remarques sur les restrictions imposées facee à la pandémie. On peut l 'appeler vigilance, que les vaccinés peuvent, doivent aussi partager.

Mais le constat du réel est là, terriblement là : 80 à 90% des hospitalisés en réanimation ne sont pas vaccinés. Ce qui entraîne plusieurs conséquences qui regardent leur propre responsalité :

- outre le fait que le refus de se faire vacciner met en danger sa propre vie mais aussi celle d'autrui - ce qui peut relever  de l'homicide involontaire en cas de décès de contaminés -  ces patients mettent surtout en danger le personnel soignant que le serment d'Hippocrate interdit de faire le tri - On peut donc voir une part non négligeable de cynisme dans l'attitude de ces patients entêtés.

- leur arrivée massive dans les services de soins critiques conduit les hôpitaux à déprogrammer des opérations, en particulier de personnes atteintes du cancer, ce qui est humainement difficilement acceptable. Ce qui revient à mettre en péril des vies ou à réduire l'espérance vitale de personnes qui ont foi en la science, elles, et qui ne demandent qu'à être sauvées dans toute la mesure des connaissances actuelles de la médecine.

Enfin, contrairement à une affirmation sans cesse réitérée, contre toute logique, si certains services de réa redoutent la saturation, ce n'est plus en raison des fermetures récentes ou plus lointaines de lits. C'estbien parce que des patients qui ne devraient pas s'y trouver s'ils avaient fait confiance à la science, y sont admis. L'argument, qui pouvait avoir quelque pertinence, n'a plus aucune validité depuis l'avénement de la vaccination. Pire : ces non vaccinés bloquent des lits qui pourraient être occupés par des vaccinés frappés de déficit immunitaire ou souffrant de comorbilités, limitant les effets positifs du vaccin rencontrés chez les vaccinés qui ne subissent pas ces pathologies.

Ceci posé, on reste en démocratie, on n'est pas dirigé par un dictateur, contrairement à ce que proclame péremptoirement une des des snippers (par ailleurs admiratrice d'Orban) de Valérie Pécresse qui serait bien inspirée de surveiller les propos de ses nouveaux amis.  Chacun a donc le  droit d'emmerder s'il le souhaite le président de la République, mais a surtout le devoir de se faire vacciner.

L'Italie, qui n'est pas une dictature, a su trouver un consensus qui rend obligatoire la vaccination après 50 ans. Vérité au-delà des Alpes, erreur de ce côté-ci ?

Philippe RIVET

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