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Diagonales de l'actu

Les fleurs de la démocratie

18 Août 2016 , Rédigé par Philippe Rivet

Verrue transformée bientôt en lieu de pèlerinage ?

Verrue transformée bientôt en lieu de pèlerinage ?

J'attendais patiemment les turbulences de la rentrée pour reprendre le chemin de mon blog quand le prétexte de le relancer m'a été apporté sur un plateau, à ma porte : la démolition d'un magasin de fleurs désaffecté depuis des années, qui menaçait ruine faute de reprise (commerciale ou autre), et nuisait, de surcroît au voisinage de l'immeuble situé juste en arrière-plan. Et qui, quelles que soient ses qualités architecturales, était devenue, avec l'aménagement du quartier, tout simplement une verrue.

Après des années d'attentisme, la décision était donc prise par la municipalité de démolir ledit bâtiment. Un vote - démocratique me semble--t-il - confirmait ce choix. Sans que cela suscite des vagues d'indignation des amoureux de la pierre sacralisée, qu'elle soit vieille, plutôt vieille, voire même assez récente pour ce qui est du bâtiment en question.

La vacuité du mois d'août et l'amorce de la démolition ont attiré les mouches du coche, une poignée de belles âmes que l'on n'avait jamais entendu précédemment, ni pour défendre l'architecture du magasin, ni pour lui trouver une destination en cas de conservation, poignée à laquelle s'est agrégée la cohorte habituelle des râleurs à la posture aussi méprisante que provocante vis-à-vis de la démocratie de représentation incarnée par une assemblée municipale.

Peut-être fallait conserver le bâtiment, mais alors pour quoi en faire ? Peut-être, plus sûrement, faut-il le démolir ? Voire le reconstruire, pourquoi pas, en le transférant dans le parc Sainte-Marie voisin ?

Mais de là à bloquer le chantier en prenant de grands airs de défenseurs de l'humanité patrimoniale contre les affreux décideurs politiques démolisseurs, il ne faut pas quand même pas plaisanter : car au-delà de la querelle architecturale, c'est bien de légitimité politique d'une décision collective dont il est aujourd'hui question sur le fond. Quand l'opposition, demande une "suspension" de la démolition, on devine son embarras, quand la mairie décide de surseoir à septembre, après concertation (comme si plusieurs années n'avaient pas suffi pour que les uns et les autres s'expriment s'ils le souhaitaient), cela ressemble à un début de reculade qui fait inévitablement penser, toutes proportions gardées bien sûr, à Sivens, Notre-Dame des Landes, Bure, etc

La plus minuscule décision, même minutieusement préparée, argumentée, est aujourd'hui brocardée, contestée, mais pas forcément par des voies et moyens à la façade noble, mais à l'arrière-cuisine aux relents populistes. Y céder revient à alimenter cette dernière.

Et ça, ce n'est vraiment pas bon signe !

Philippe RIVET

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