Pour un drapeau sans souillures

Si l'on ne peu qu'applaudir au souhait du président de la République de voir fleurir le drapeau bleu blanc rouge aux fenêtres ce vendredi, il n'est pas non plus interdit, non de s'interroger, mais d'appeler à la vigilance pour que ce drapeau ne s'enroule autour de souillures nées volontairement ou non de confusion. En d'autres terme, prenons garde que le drapeau ne soit récupéré une fois encore par le nationalisme le plus glauque, le plus mortifère pour l'unité d'un pays.

Romain Gary, cité par plus d'un commentateur ce jeudi ne disait-il pas fort justement que " le patriotisme, c'est l'amour des siens, le nationalisme la haine des autres". Combien cette pensée sonne juste en ces temps troublés, non seulement par les attentats mais qui ne doivent pas faire oublier l'autre danger qui menace la République et la démocratie : la peste brune.

Combien de régions pourraient tomber dans l'escarcelle du FN ? Une, deux, trois, voire plus. C'est bien une bataille idéologique, fondée sur des valeurs qui est à mener contre l'extrême droite à qui on a laissé lâchement récupérer les couleurs nationales en en détournant le sens, l'esprit, les promesses qu'elles portent en elles.

Le drapeau français claque au vent. Au vent de l'humanité toute entière. Non entre des frontières verrouillées, qui enfermeraient un pays dans un repli rance.

Le patriotisme rassemble, le nationalisme divise. Le patriotisme inspire le respect, et n'exclut nullement une souveraineté partagée. Le nationalisme empoisonne les relations pour pousser à la guerre.

Ne plus mettre son drapeau dans sa poche signifie participer à un sursaut de fierté nationale digne d'être entendue, honorée pour peu qu'on ait le courage de mener les combats qui le méritent, à commencer par celui du " vivre ensemble". Tiens à propos de courage, (re)lisez donc l'ouvrage paru en poche de Cynthia Fleury sur " la fin du courage". Il comporte un petit chapitre, dont on n'est pas obligé de partager toutes les conclusions mais dont l'intitulé est parfaitement éclairant sur la situation actuelle : " l'électoralisme ou la forfaiture du courage".

Philippe RIVET