Radicalisation de la société

Est-ce l'effet ravageur des nouvelles technologies qui diffusent du contenu plus vite que la lumière ? Il ne semble désormais plus possible de poser un débat sereinement. Même l'écrit, pratiqué sur des supports imprimés (car les saillies sur les réseaux sociaux sont aussi de l'écrit !) ne permet plus cette distanciation nécessaire à l'énoncé d'arguments construits. La violence du vocabulaire employé, les postures lexicales, à l'image de la dernière de sortie de Cécile Duflot sur le sort des migrants, qui a depuis longtemps rayé le mot nuance de son attirail linguistique, réduisent, voire anéantissent toute chance de débat sérieux, même musclé. En tout cas de bonne tenue.

Et quand des esprits d'une grande perversité intellectuelle et morale, il faut le dire sans détour, s'emparent d'une vidéo pour filmer Vincent Lambert, cela dépasse la pire instrumentalisation que l'on puisse imaginer. Comprendre le désarroi de ses parents est une chose, admettre leur dérive intégriste en est une autre. La vidéo de trop qui discrédite leur combat dont on peut se demander s'ils ne sont pas eux-mêmes les victimes de manipulateurs sans scrupules dont le seul objectif est de promouvoir leur dogmatisme et rien d'autre.

Que la question de la fin de vie soit une question éminemment difficile (tout comme celle du début de la vie), personne n'en disconviendra. Raison de plus pour s'entourer de toutes les précautions médicales, éthiques, langagières pour l'évoquer. Ce qui semble bien le cas pour Vincent Lambert. Tout comme l'avenir des migrants qui arrive en France mérite à coup sûr un débat, que discrédite d'entrée par son excès Mme Duflot.

La radicalisation, qui masque (mal) des manipulations funestes pour la liberté de pensée, la liberté de conscience, n'a jamais servi, bien au contraire, les causes qui tombent dans ses rets.

Philippe RIVET