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Diagonales de l'actu

" Je ne veux pas d'Arabes dans la classe de mon fils" : le racisme "ordinaire" dans un collège lorrain

2 Septembre 2023 , Rédigé par Philippe Rivet

" Je ne veux pas d'Arabes dans la classe de mon fils" : le racisme "ordinaire" dans un collège lorrain

On peut être favorable à l'interdiction de l'abaya à l'école, et ne pas être naïf sur les effets d'écran de cette décision ministérielle pourtant justifiée. Même si Gabriel Atttal n'est pas le seul responsable de l'écran de fumée, ceux qui ont contribué à la polémique, en contestant une décision pour une fois ferme au plus haut niveau du ministère de l'Education nationale ont largement leur part. Personne ne les empêchait de saisir l'occasion de mettre l'accent sur un phénomène plus fréquent qu'on ne l'imagine, ou plutôt qu'on ne veut bien l'imaginer, en dessous des écrans radars de l'institution, car trop peu de chefs d'établissement le font remonter à leur hiérarchie, et quand c'est le cas, celle-ci, la plupart du temps, se dépêche de temporiser.

Je veux parler de ce phénomène, spectaculaire parfois, mais le plus souvent à bas bruit, comme s'il était devenu banal, ordinaire, admissible, compréhensible, intégré dans notre imaginaire de citoyen-ne-voulant-pas-se-mêler-de-la-vie (ou de l'avis) des autres : le racisme, qui fait que notre société est devenue - ou restée ?- une société néopétainiste que pas grand monde ne veut regarder en face, lucidement, car cela n'entre pas dans des grilles de lecture facile propices à polémiques à deux balles pour se faire mousser sur les plateaux télé.

Et pourtant, l'histoire qui va suivre, que l'on m'a compté récemment, est édifiante. Elle se passe dans un collège lorrain situé en réseau d'éducation prioritaire. Un parent d'élève n'a pas hésité à exiger de l'établissement que son fils ne se retrouve pas une classe fréquentée par des jeunes issus de l'immigration. Exigé en termes directs : " Pas d'Arabes dans la classe de mon fils". 

On est bien d'accord : ce n'est pas du discours dit décomplexé, mais du racisme à l'état brut, balancé sans vergogne. Une démarche parentale plus fréquente qu'on ne le croit, précise mon interlocuteur. J'ajouterai : démarche parfois couverte par des chefs d'établissement proches de l 'extrême droite.

Le père de famille qui revendique cette exigence appartient probablement à la classe dite moyenne, les parents plus aisés ayant déserté, sauf exceptions citoyennes heureuses,  depuis longtemps l'établissement pour le privé. Avec une double motivation, raciale et sociale. Privé ou leur progéniture côtoie, ironie de l'histoire, de plus en plus de jeunes issus de la "beurgeoisie" , du moins la part qui n'en pince guère pour les milieux populaires.

Le précédent ministre de l'Education nationale avait envisagé d'améliorer la mixité sociale. Le chantier, qui n'en était qu'à ses prémices, est manifestement reporté. L'urgence est pourtant là. Il fait partie du même combat pour les valeurs de base qui s'effritent chaque jour un peu plus.

Philippe RIVET

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