Niki comprend plus rien (ou trop bien)

Le Conseil d'Etat a tranché. Les interprétations de sa décision sont manifestement diverses. On aura au moins compris qu'il faudrait arrêter de faire une fixette sur le burkini. Répondre à ce qui est incontestablement une provocation vestimento-religieuse par une autre arme provocatrice, l'arrêté municipal, en détournant le sens de la loi, c'était comme prendre un marteau pilon pour écraser une mouche. Ni plus, ni moins. Donc de faire de la com' comme les artificiers de la basse politique savent si bien le faire, en multipliant les amalgames, au risque d'aggraver les fractures, et de monter en épingle un phénomène somme toute marginal.

La notion de proportionnalité leur a échappé. Encore faut-il savoir (vouloir) garder la tête froide. Pas de saison. Quand on entend de plus de plus s'instiller l'idée que l'Etat de droit n'est qu'un point de détail, on se dit qu'on dépasse le simple coup de chaud estival. Si le burkini ne sera plus de saison au mois de novembre, d'autres sujets polémiques seront brandis, on peut en être certain.

On a besoin de réflexions de fond, qui ne soient pas immédiatement tournées en dérision. Quand Juppé reparle dans le Figaro d'identité heureuse, il n'opte pas pour autant pour le monde des Bisounours, il rappelle tout simplement la nécessité de toute société qui veut se développer, évoluer, respecter ses membres, de trouver les bonnes modalités du "vivre ensemble", même si cette notion commence à être sérieusement galvaudée.

J'en profite pour inviter à la lecture de l'itv de Fillon dans Le Monde. La présidentielle ne se réduit pas à choisir un super-ministre de l'Intérieur. Au de-là du tacle, c'est une question de bon sens. L'interview, qu'on suive ou non Fillon dans ses conclusions, a du fond, et du sens. Tout comme la contribution de Glavany sur Facebook à propos de la laïcité.

Cette liste n'est pas exhaustive. Une veille, certes loin d'être parfaite, des médias et des réseaux sociaux, permet de repérer des analyses dont les auteurs ne seront jamais invités sur les plateaux des chaînes d'info continu...

Philippe RIVET