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Diagonales de l'actu

Réformer ? A la bonne heure !

25 Février 2016 , Rédigé par Philippe Rivet Publié dans #politique

Réformer ? A la bonne heure !

Il faut réformer. Réformer est un impératif. Ce pays a besoin de réformes. Moi, président, je suis là pour réformer. Jusqu'au bout. Jusqu'au bout de quoi ? Réformer ? Plus il est employé, plus ce verbe donne l'impression de se dévitaliser. Tout juste bon pour la...réforme.

Car, à défaut d'avoir des idées, on proclame qu'on veut réformer. C'est quand même plus simple.Et quand on passe à la phase action, on montre bien qu'on retrousse les manches, qu'il n'est plus temps de bricoler, qu'il faut taper dans le tas à grands coups de réformes d'affichage.

Et après ? On en oublie d'étudier finement les modalités, on en sous-estime (quand on ne les évacue pas de la réflexion) les effets pervers (les 35 heures à l'hôpital par exemple).

Justement. La " dame des 35 h" n'est pas exempte de reproches sur le plan des réformes. Mais pour autant, faut-il disqualifier d'un trait de (mauvais) esprit la tribune de Martine Aubry ? Non, pas seulement parce que les 35 h ce n'est pas seulement elle, et elle seule, mais aussi tout un gouvernement, dont un certain DSK (mais oui !). Et que je persiste à penser que si ce n'était pas la meilleure idée du moment, cela mérite réflexion.

Détricoter les 35 h ? Cela se discute, après tout. Mais les dissoudre au profit d'un grand coup de balai libéral, déstabilisateur, contreproductif, ouvrant l'économie du travail à tout vent, semble davantage relever d'un calcul politique (politicien) que d'une véritable réflexion de fond sur l'art de la réforme, qui mérite à tout le moins d'être étayée par une vision de la société.

La sortie musclée de Martine Aubry n'est pas sans doute pas exempte de calcul(s). Mais de quoi est-elle l'expression ? D'un malaise face à une absence de débat idéologique, au (très) bon sens du terme, de profondeur de pensée qui affecte la totalité de l'échiquier politique obnubilé par le marketing, le temps court, à l'affût du moindre soubresaut de l'opinion. La "riposte" de Valls manque de panache, dans la suite de l'indigence de celle de Le Guen, secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement.

Car comment ne pas comprendre l'une des remarques d'Aubry sur le pacte de responsabilité, dont les milliards sont distribués sans aucun contrôle ni contrepartie ? Imagine-t-on une seconde la droite au pouvoir engager une telle mesure sans réaction populaire ?

Réformer ? A la bonne heure ! Il devient vraiment de plus en plus urgent de réformer la gouvernance et plus largement la vie politique. Car la société, elle, en tant qu'organisme vivant, se réforme en permanence, sans le crier sur tous les toits. Lever les points de blocage (après concertation) serait sans doute plus efficace que de brandir le mot réforme comme un totem. Mais bon...

Philippe RIVET

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