Primaires : loin d'être secondaires

Primaires à tous les étages : Cambadélis, premier secrétaire du PS, n'hésite pas à évoquer ce dimanche l'hypothèse de primaires à gauche pour la présidentielle. Pour mieux les enterrer ? Peut-être. Hollande lui-même n'excluait pas, la semaine passée sur Inter, de ne pas se représenter au cas où il ne parvienne pas à inverser la courbe du chômage. Premier sentiment : cela ne manquerait pas de panache. Seconde idée : et si cela faisait plutôt désertion en rase campagne ? A moins que ce manoeuvrier ne joue les magiciens pour mieux tromper son monde ?

Cambadélis, Hollande, même combat ? Pas sûr. Mais dans les sables de plus en plus mouvant de la plage politique, tous les doutes, toutes les pistes sont permises. Faute de repères, de visibilité. Seul problème, mais de taille : à force de brouiller les cartes, nos apprentis sorciers, de gauche et de droite, pourraient bien nous amener Le Pen à l'Elysée.

Hollande qui triangule avec l'extrême-droite sur la déchéance de nationalité, le FN qui triangule avec la gauche sur certaines propositions ( en apparence du moins), la droite dont une partie flirte depuis longtemps avec Le Pen et consorts, l'extrême-gauche, pas loin de rejoindre l'extrême-droite, et qui n'a d'autre but que de faire échouer la gauche gouvernementale, laquelle endosse les habits du Medef pour modifier le code du travail...Et la droite qui se déchire déjà sur les primaires, entre un ex-président redevenu président de parti (et de nouveau mis en examen) qui s'échine à tordre les règles du jeu à son profit (en faisant disparaître des photos de famille ses opposants, vintage brejnevien à souhait), un autre toujours aussi droit dans ses bottes, mais qui pourrait très vite se balladuriser...

On résume : tout va très bien. Ceux qui en doutent ne sont que d'épouvantables Cassandre. Qui ont sans aucun doute inventé le risque FN, et que les Français ne voulaient plus voir ni Hollande ni Sarkozy.

Allez, à un plus d'un an de l'échéance, on va peut-être finir par avoir un, voire même plusieurs débats de fond. Et quelques solutions ?

Peut-être qu'après tout, les primaires régénereront-elles les idées qui font tant défaut au sein des partis ? A conditions qu'elles soient civilisées. Et ça, ce n'est pas gagné.

Philippe RIVET