Migrants : la honte !

L'obscénité politique n'a pas de limite. Elle s'est surpassée à la rentrée avec les discours balançant entre haine et hypocrisie sur les migrants, vous savez ces gens, comme vous et moi, qui appartiennent à la même humanité, qui fuient l'enfer.

Ce ne sont pas eux les clandestins contrairement à ce que proclame Marine Le Pen. C'est elle et ses amis qui relèvent de la clandestinité, en faisant pénétrer par effraction un discours de haine de l'autre dans l'édifice construit au fil de l'Histoire pour porter les droits de l'homme, le respect de l'autre, l'ouverture à l'autre. Porter un idéal loin des réflexes de peur.

Et pourtant : c'est bien à une industrialisation de la haine que l'on assiste, à une légitimation du populisme le plus méprisable avec l'invocation sans cesse de "l'opinion publique". A une surenchère verbale - même si le pompier Sarkozy qui fut pyromane à ses heures, tente d'y mettre un frein - entre droite très à droite et extrême-droite, une gauche dite de gouvernement que l'on sent gênée aux entournures face à ce qui semble s'installer comme le sujet numéro Un.

La politique ne doit pas se laisser guider par l'émotion, a-t-on entendu ou lu après la publication de la photo de l'enfant syrien rejeté par la mer et découvert mort sur une plage turque. C'est pire que ça : avant cette photo qui a fait le tour du monde, il n'y avait tout simplement pas de politique d'accueil. Mais des barbelés, comme en Hongrie, chez ce facho d'Orban, dont on attend encore une condamnation par les instances européennes.

Tiens, mais où est donc passé M. Juncker, que l'on voyait si souvent à la télé lors de la crise grecque ?

C'est vrai, la politique ne soit pas se résumer à une réactivité face à l'émotion. Mais que font alors les pays occidentaux face aux pays arabes, aux pétromonarchies qui refusent d'accueillir des réfugiés ? Du commerce, rien que du commerce. En fermant soigneusement les yeux sur toutes les turpitudes. Que font les pays occidentaux pour accueillir les migrants ? Incapables de s'entendre pour recevoir dignement un "afflux" dérisoire par rapport à la population européenne. Merkel, Hollande, Cameron se mobilisent, non sans arrière-pensées, certes. Mais ne restent au moins pas inactifs. Car la réalité est bien celle-ci : sans verser dans l'angélisme, tout en admettant que la question n'est pas simple à résoudre, ne rien faire, c'est tout simplement accepter de se laisser condamner au tribunal de l'Histoire pour non assistance à personne en danger. On est loin, très loin de l'époque des "boat people" des années 70-80...

Philippe RIVET