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Diagonales de l'actu

Républicains qu'ils disaient

26 Mai 2015 , Rédigé par Philippe Rivet Publié dans #politique

Républicains qu'ils disaient

La justice a tranché. Sur la forme. Dans l’urgence. Pas sur le fond. Ce qui pourrait prendre du temps (jusqu’en 2017 ?) : l’UMP pourra devenir « Les Républicains » lors de son congrès (re)fondateur samedi. Les magistrats n’ont pas décelé de « trouble manifestement illicite » et de « dommage imminent », contrairement à ce qu’estimaient quatre partis et associations de même que 143 particuliers. Un appel des requérants est plus que probable. L’épée de Damoclès reste donc suspendue au-dessus du président sortant de l’UMP, et qui se verrait bien président des « Républicains », et plus si affinités électives, (re) président de la République.

La décision de justice n’interdit pas de se poser quand même la question de savoir si ce changement de nom ne s’apparente tout de même pas à un hold-up sémantique comme des observateurs lucidement incisifs l’ont déjà souligné. Une « captation d’héritage », relève même l’historien Jean-Noël Jeanneney. Non sans raison : la droite française aura attendu tout de même la fin du XIXe pour se convertir, dans sa grande majorité, à la République.

Elle ne manque donc pas d’air à vouloir exercer de fait un monopole lexical sur un bien censé être commun dont elle ne peut décemment pas revendiquer la paternité. Nicolas Sarkozy, déjà à fond, tenaillé par sa soif de revanche – la droite peine toujours à reconnaître la légitimité de la gauche à gouverner – n ‘a-t-il pas l’autre jour ironisé sur les socialistes qui seraient déjà socialistes avant d’être républicains ?

L’ineffable Fasquelle n’a-t-il pas osé affirmer hier, à la sortir du tribunal que « demain, ceux qui ne sont pas membres de notre parti pourront se considérer comme Républicains ». Sa seigneurie est trop bonne.

Chacun aura bien compris qu’il y avait un besoin urgent pour l’UMP à changer de nom. Reste à espérer que l’appellation « Les Républicains » ne rimera pas avec coquins. La justice a quelques affaires en cours concernant Bygmalion et autres plaisanteries du même genre, qui finiront (peut-être ?) par déboucher.

Qui aujourd’hui, de l’extrême gauche à l’extrême droite, n’invoque pas la République ? Mais de quelle République parle-t-on ? Comme disait Montebourg (à propos du cumul des mandats), il y a les croyants et les pratiquants.

Entre le rouge vif néostalinien et la peste brune, le curseur connaît parfois des soubresauts. Et n’hésite pas à synthétiser allègrement une « monarchie républicaine ». Pas tout à fait de droit divin. Mais qui a encore des marges de progression en termes démocratiques, d’égalité, de fraternité.

Heureusement, l’Ena, cette école de l’aristocratie républicaine des grands serviteurs de l’Etat, veille au grain. l’ENA, juge manifestement adéquate la mise en place d’une case «particule» dans son questionnaire d’inscription au concours d’entrée, selon Libération. Républicains, qu’ils disaient. Vite, un pèlerinage citoyen au Panthéon !

Philippe RIVET

http://www.liberation.fr/societe/2015/05/21/la-noblesse-en-pire-ou-les-diplomes-en-france_1313969

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