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Diagonales de l'actu

Au bord du précipice ?

8 Novembre 2020 , Rédigé par Philippe Rivet

Au bord du précipice ?

Quelle étrange époque. Il y a quelques semaines après, on pouvait encore (?) deviser sur la pertinence ou non des propos tenus par les deux camps adverses, les alarmistes et les rassuristes. Presque comme un aimable passe-temps de salon. La (ou le ?) Covid ? Bon d'accord, il faudra apprendre à vivre avec, mais c'est faisable moyennant quelques précautions, tel est le discours dominant ambiant.

Mais commençait néanmoins de se faire entendre une autre petite musique : et si l'exécutif, censé nous protéger, n'avait pas été un peu léger en lâchant carrément la bride à l'orée de l'été, peut-être par peur que la population regimbe méchamment,  si l'exécutif n'avait pas suffisamment anticipé, pas suffisamment écouté les avis du conseil scientifique (censé éclairer la décision politique au printemps, mais manifestement marginalisé à l'été) dans la relative torpeur estivale ?

Et si, et si, rétorquaient alors les derniers aficionados béats du macronisme managérial ?

Et si, finalement, toutes ces questions exprimées soit disant pour embêter le président, et déligitimer le nouveau Premier ministre, avaient plus de fond qu'elles n'y paraissaient ?

Pascal Perrineau, politologue qui n'a pas la réputation d'être un vulgaire rhétoricien,  Françoise Fressoz, plume plutôt carrée, éditorialiste au Monde, Cécile Cornudet, éditorialiste particulièrement rigoureuse aux Echos, évoquent depuis quelques jours un manque d'anticipation, relayant ainsi des inquiétudes exprimées jusqu'au sein de la majorité ; le premier nommé pointe un risque de "giletjaunisation" de la société, plus en souffrance que jamais.

Manifestement, ce ne sont pas des signaux forts mais d'aimables conversations pour le gouvernement.  Pour avoir par exemple méprisé ce que proposaient les syndicats enseignants, parce ce que cela venait d'eux, il aura fallu attendre une semaine avant que le gouvernement annonce des mesures dans les lycées, en attendant  peut-être d'autres mesures dans les collèges et les écoles.

Olivier Véran, ministre de la Santé sur les nerfs (et on le comprend, car souvent bien seul), parle de plusieurs scénarios, explique qu'il faut encore attendre une quinzaine avant de trancher. Indécent suspense.

Avant de trancher quoi ? S'il faut reconfiner  comme au printemps, ou pas. Mais toutes les allusions, les fuites savamment organisées, les chiffres aussi des ARS (même incomplets, sous-estimés dit même un communiqué, à cause d'un flux de données incapable de digérer convenablement !), le nouveau projet de budget rectificatif, les prévisions économiques et sociales lâchées par le gouvernement,  la perspective de tri version médecine de guerre dans les hôpitaux,  tout nous pousse vers la  prise de décision qui consistera à nous contraindre, au bord du précipice, d'accepter ce qui apparaît de plus en difficilement comme acceptable, le retour à l'emprisonnement à la maison. Plus le gouvernement reculera avant de sauter dans l'inconnu, faute d'anticipation, plus le choc sera brutal.

Comme cinglait récemment Hollande, je ne ne souviens plus qui était le monsieur déconfinement. On  va encore m'objecter que je n'apprécie pas le locataire de Matignon, et que la situation n'est pas meilleure chez nos voisins.  Je ne sens pas non plus une politique européenne forte, ni une volonté des Etats à pousser à une politique européenne forte.

Mais c'est en France que la récession est la plus forte, que la défiance vis-à-vis des politiques est la plus marquée, que les inégalités - malgré nombre d 'amortisseurs -  continuent de se creuser.

Le risque d'une crise sanitaire, doublée d'une  crise politique encore plus virulente, est devant, juste devant nous.  Qui peut encore franchement croire au Père Noël aujourd'hui ?

Philippe RIVET

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