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Diagonales de l'actu

Un déconfinement hors la loi, fallait oser, la France l'a fait

11 Mai 2020 , Rédigé par Philippe Rivet

Un déconfinement hors la loi, fallait oser, la France l'a fait

Jour J. Jour sans numéro pour le blogueur déconfiné mais toujours télétravailleur. Mais pas un jour sans un numéro gouvernemental de haute voltige. Comme l'absence de loi d'urgence sanitaire, dont la prorogation a été seulement validée ce lundi par le Conseil constitutionnel. Parce qu'il ne travaille pas le dimanche ? Ou parce que le gouvernement était un peu à la bourre, car la loi n'aurait tout simplement pas été votée à temps ? Peu importe, laisser vivre le pays hors la loi peut procurer une bpiffée fugace de liberté, mais bien illusoire car il ne faut quand même pas trop plaisanter avec l'ennemi invisible qui continue de rôder.  3000 à 4000 contaminations par jour, rappelle l'épidémiologiste Daniel Levy-Bruhl.  Pour sûr que le virus a dû s'éclater ce lundi dans le métro, la ligne 13, celle qui pourrait bien avoir porté malheur aux plus fragiles obligés de retourner travailler. Mais que fait la RATP ? Ou plutôt était-ce raisonnable de lui imposer la responsabilité de rouvrir des lignes en sachant que dans la pratique, faire respecter la distanciation physique était mission impossible ?

Bah, on n'est plus à une folie près. Les scientifiques, après avoir servi de précieux paravents, sont désormais tenus pour quantité négligeable. Les piqûres de rappel de certains, qui avaient pris la parole jusqu'alors avec modération, discernement et rigueur, peinent à contenir leur colère (légitime au demeurant). Comme Anne-Claude Crémieux,  professeur d'infectiologie à l'hôpital Saint-Louis, membre de l'académie de médecine  : " Il n' y a pas eu de réelle stratégie de santé publique pour réussir le déconfinement",  tranche-t-elle après avoir regretté qu'on ne dispose pas d'un état des lieux digne de ce nom sur les Ehpad ni dans les hôpitaux.

Voilà, c'est dit. Et ce n'est guère rassurant. Heureusement que Jean-Michel Blanquer, qui traverse une mauvaise passe, affirme sur Europe 1 qu'il y a plus de risque à rester chez soi que d'aller à l'école. Prévenus au bout de 55 jours que le confinement était dangereux ? Bigre. Voilà qui va relancer le débat, il est vrai loin d'être éteint, sur le côté liberticide dudit confinement. Car on verra d'une part si l'assertion blanquerienne se vérifie vraiment sur le terrain, et on prendra en même temps bien note des deux censures partielles du CC sur le secret médical bien malmené avec l'accès aux données et sur le traçage de celles-ci et sur la durée imposée de l'isolement de malades. Comme dirait le PM, on est vraiment sur la ligne de crête.

Et déjà se dessine l'après. Frédérique Vidal, la ministre de l'enseignement supérieur, veut promouvoir les cours à distance à partir de la rentrée de septembre. JM Blanquer lui emboîte le pas dans le JDD en vantant les atouts de l'enseignement à distance.

Peut-on encore, dans ces conditions ,revenir sur terre, en citant Philippe Meirieu qui, je le précise, n'incarne pas pour moi l'alpha et l'oméga des sciences de l'éducation, mais mérite quand même d'être écouté, et suivi quand il parle clair et juste  : L'école, " ce n'est pas seulement une institution pour apprendre mais pour apprendre ensemble. La classe n'est une juxtaposition d'élèves à qui l'on fournit des travaux individuels, c'est un espace symbolique de construction du collectif et de l'apprentissage du ''faire sociéte''. Je n 'aime pas trop la dernière expression, faire ceci faire cela, vite devenue une expression valise. Je préfère : former et préparer les futurs citoyens.

Je ne suis pas certain que toutes les conditions soient remplies.

A bientôt. Peut-être. Ou j'espère ? J'hésite.

Philippe RIVET

 

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