Confinement Jour 7

Le décompte quotidien de l'horreur

Confinement Jour 7.Le huitième a commencé depuis quelques minutes. Le soleil brille. Tant mieux.  Le télétravail confiné dès 8 h avec les infos à la radio, la revue de presse, la visioconférence de rédaction. Et les rendez-vous téléphoniques d'actu. La banalité s'installerait-elle ? J'ai justement choisi ce métier pour fuir la routine. Il va falloir que je fasse attention. Installer des repères, certes, mais sans sombrer dans la monotonie résignée. Mais vu de ma fenêtre, ou plutôt à travers la lucarne de la télé, et sur les réseaux, le risque est mesuré. Même si je sens l'agacement me gagner avec le monceau d'âneries et de fake news qui se propagent encore plus vite que le virus.

Savant de Marseille. Je ne résiste pas au jeu de mot piqué sur twitter (compte d'un collègue retraité de la Voix du Nord) qui a choisi de dénommer ainsi le professeur Raoult, qui divise de plus en plus, entre ses groupies qui se répandent sur les réseaux, comme le relève un confrère des DNA,  et ceux qui émettent des doutes sur le protocole employé par ce médecin. Qui vient d'être désavoué par un membre du conseil scientifique dont il fait partie, si j'ai bien lu dans Le Monde.  Les gens serrés comme des sardines devant son institut pour se faire dépister, un inquiétant foyer de propagation non, sans que cela ait gêné le moins du monde cette équipe médicale paraît-il de niveau mondial (mais accessoirement, plus labellisée Inserm et Cnrs) ?

Protocole. C'est pourtant simple, il existe des protocoles en recherche qui sont admis par tous. Au nom de quoi s'en affranchir ? Je ne saisis. toujours pas.  Le peuple a besoin de héros, paraît-il .   Le nouveau Messie ?  Restons sur terre.

Masques. La polémique enfle. Normal. Il semblerait, selon le quotidien du Médecin (lecture conseillé par Danièle Noël, élue nancéienne) que les stocks aient commencé de fondre dès 2011. J'avais lu aussi que la gestion, sur une gestion d'un crâne d'oeuf du secrétariat général de la Défense, était décentralisée à partir de 2013. Tous responsables ? Les établissements de santé, les collectivités ont-elles veillé à charger leur stock stratégique ? Bonne question à soulever quand les municipales seront de nouveau d'actu, par exemple.

Pénurie. En fait, on le comprend de mieux en mieux. Le gouvernement fait son max, mais en gérant la pénurie, l'incurie, par exemple de l'ex-ministre de la Santé (et aussi de son DGS toujours en poste) qui ne semblent pas s'être préoccupés de renouveler les stocks de masques. Pas davantage de se procurer des réactifs pour les tests à grande échelle. La correspondance du Monde à Hong-Kong publie une lettre ouverte édifiante à Martin Hirsch le patron de l'AP-HP (à lire sur la suggestion de Denis Schaming sur FB).

Politique. Derrière la façade de l'unité nationale, la politique, en complet décalage. Vivraient-ils sur une autre planète, nos chers parlementaires, le gouvernement aussi ? Pas d'accord unanime sur une loi d'urgence, donc procédure parlementaire rallongée avec la CMP. l'opposition soupçonnant l'exécutif de ne pas assez prendre garde à la protection des salariés.  Peut-être. Le soupçon se renforce avec la déclaration provocatrice ou pour le moins maladroite de Darmanin qui demande aux salariés de prendre leurs congés maintenant.  La loi prévoit que l'employeur pourra adapter le calendrier des congés, laissons la souplesse s'organiser. Sans en rajouter. N'empêche, voter contre les mesures d'urgence relève du non sens, s'abstenir est un peu faux-cul. Voter, en exprimant oralement des réserves et en donnant rendez-vous pour après aurait été plus fluide et plus efficace. Sans aucun doute.

Sortie. La sortie sera socialement, politiquement, économiquement, sociétalement chaude, très chaude.  L'exécutif sera-t-il à la hauteur des réponses à apporter ? On veut tous l'espérer....

Le livre du jour. Oublié hier. Faute d'avoir eu personnellement le temps de lire. Je vous conseille "Peuple, pouvoir et profits", de Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie.  Acheté depuis des mois, parcouru par sautes de puces, passionnant.

A demain. Peut-être.

Philippe RIVET