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Diagonales de l'actu

Ce département qui n'aime pas les vieux (?)

20 Janvier 2025 , Rédigé par Philippe Rivet

Ce département qui n'aime pas les vieux (?)

La décision du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle de ne plus contribuer au financement de la téléassistance et du portage des repas des personnes âgées éligibles à l’APA (2900 personnes concernées) jette un froid dans la population et interpelle sur la nouvelle conception très budgétaire de la solidarité. Elle offre sur un plateau un motif en or pour la droite de se requinquer, de resserrer les rangs distendus. Alors quel bénéfice ? Quelle justification ?

Il est acquis depuis longtemps que le maintien à domicile est plébiscité tant par les personnes âgées, qui souhaitent rester le plus longtemps possible dans leur environnement familier, que par les gestionnaires des deniers publics, qui économisent ainsi sur la construction d’Ehpad, ou évitent de favoriser un marché très lucratif et soumis à controverse d’établissements privés très coûteux pour leurs pensionnaires et pas toujours à la hauteur de ce que l’on est en droit d’espérer en termes d’accompagnement humain, de soins, bref de dignité élémentaire.

On peut comprendre que les départements, compte tenu des coupes claires de l’Etat (même si Bayrou a décidé de diviser par deux l’effort demandé initialement par Barnier), cherchent des économies. Même si ces mêmes collectivités ont continué, pour bon nombre d’entre elles, à jouer les cigales quand les droits de mutation garnissaient très généreusement leurs caisses.

 Et des économies, quelle que soit la collectivité, et l’Etat, il y en a à faire, assurément. On ne va pas se lancer présentement dans un concours Lépine des économies, mais si l’efficience de la dépense publique a encore un sens, c’est maintenant qu’il faut le prouver avec doigté, pertinence et discernement. Est-ce trop demander ?

Le choix du CD 54 interpelle. Même s’il partage la responsabilité de la situation avec l’Etat, et plus largement la société, les élus qui la représentent au Parlement, globalement plutôt indifférents à un plan grand âge repoussé d’alternance en alternance, alors que ce serait l’honneur d’un pays de s’y pencher, Davantage dans la méthode que sur le fond, dont on peut imaginer qu’un effort minime soit proposé, à condition que par ailleurs, l’argent ne donne pas l’impression d’être magique, ou dit plus trivialement, jeté par les fenêtres.

Exemple : les 500 euros mensuels attribués sans contrepartie et réel accompagnement aux moins de 25 ans en situation de précarité. Les travailleurs sociaux les plus avisés en conviennent : c’est comme arroser le sable.  Pour un coût annuel d’un million d’euros qui, assurent bon nombre d’observateurs – et pas seulement des mauvaises langues – sert à maintenir à flot politique une majorité disparate qui va de la France insoumise à des élus PS ou proches, estampillés plutôt centre-gauche.

Cette mesure lancée l’an passé avec tambour et trompettes, a suscité et continue de susciter la controverse au sein du CD, que ce soit dans les rangs des politiques de gauche ou des fonctionnaires qui penchent aussi à gauche. C’est dire si la mesure est peu défendue et défendable.

De quoi donner du grain à moudre à l’opposition qui va du centre à la droite de la droite. Laquelle, dans L’Est Républicain de dimanche qui révèle la fin du soutien au grand âge, s’en prend non seulement au million « jeunes » mais également aux mineurs non accompagnés. Ce qui réveille quelques souvenirs de campagne cantonale ou un tandem candidat dans l’agglomération n’avait rien trouvé de mieux que de taper à bras raccourcis sur le projet de maison de département pour mineurs. Ou comme cet ancien adjoint de la municipalité nancéienne précédente qui peste et le fait savoir contre la présence à quelques encablures de sa demeure d’un centre qui accueille ces enfants et ados cabossés sans que cela pose le moindre problème de voisinage . Des jeunes que le Département se doit d’accueillir et d’accompagner, c’est clairement sa mission, dans les meilleures conditions possibles. 

Entre une gauche qui vacille sur ce qui devrait être des valeurs de solidarité à préserver voire à développer, et une droite dont les bords extrêmes gagnent du terrain dans les esprits, voilà de quoi inquiéter les citoyens de base qui continuent encore un peu d’espérer qu’on ne les prenne pas trop longtemps pour des vaches à lait et/ou des imbéciles.

Aider les vieux devient donc optionnel, facultatif, objet de chantage avec l’Etat. Les vieux deviennent de la chair à canon politique. J’ai dû mal à trouver encore une droite républicaine et gestionnaire, et pas toujours antisociale. J’ai encore depuis quelques jours encore plus de mal à trouver une gauche républicaine au sens de la générosité solidaire qu’elle prétend brandir à chaque intervention et chaque manif.

Philippe RIVET

 

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