La présidentielle des non-candidats

Des parrainages à gogo inondent les RS, des candidats malgré eux à la primaire faussement populaire, sans compter les candidatures de...témoignage. Le  cru 2022 en mode baroque.

La présidentielle 2022 sera-t-elle celle des non-candidats ?  La question se pose après plusieurs phénomènes ou rendez-vous récents qui ont la couleur de la présidentielle, la saveur de la présidentielle, mais qui ne relèvent pas stricto sensu de la présidentielle.

Prenez l'impétueux déferlement de photos de parrainages sur les RS en faveur d'un candidat virtuel, donc non déclaré, qui devrait l'être, mais sait-on jamais ? Ou l'art de mettre la charrue avant les boeufs, ou dit dans un langage moins agricole et plus high tech, de faire du teasing, un peu lourdingue.  Saturer l'espace numérique serait devenu le dernier exercice de style à la mode.

La primaire dite populaire s'y est bien employée. Et sur ce point a réussi son coup. Avec les brassées de compliments déversés par des commentateurs extasiés, tous ceux qui n'adhéraient pas à cette idôlatrie boboïsante passant pour d'infâmes mauvais coucheurs.

Car, de populaire, franchement, ce rendez-vous n'en avait que le nom. L'opacité de ses méthodes, pointée par Françoise Fressoz dans le Monde - https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/01/avec-la-primaire-populaire-la-guerre-entre-la-base-et-le-sommet-est-manifeste_6111789_3232.html - exhale un parfum fétide de manipulation.

Pas populaire non plus dans la composition du corps électoral. jeunes urbains loin de refléter la diversité sociale et territoriale du pays que la PP prétendait incarner,  comme le rappelait Pascal Perrineau lundi à l'émission C dans l'air.

Pas populaire non plus sur le plan arithmétique, car si la valeur absolue peut impressionner une fraction de seconde (400 000), le pourcentage invite à relativiser très vite la pression exercée, moins de 1% des électeurs.

Pas populaire, sauf dans les journaux, à la radio, à la télé, avec un traitement plus que bienveillant, inversement proportionnel à la réalité sans fard. A moins que sa portée symbolique et innovante explique cet engouement ?

La PP est surtout révélatrice de l'état de la gauche actuelle. Elle a surtout planté les derniers clous du cercueil.

Innovante la PP ? C'est à relativiser.  Certes, le mode de scrutin avec jugement majoritaire éloigne du froid et simpliste vote binaire et polarisant, comme le souligne Frédéric Says ce mardi matin sur France Culture - https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-politique/l-heritage-de-la-primaire-populaire -

Deuxième innnovation relevéee par le billettiste : le vote électronique, qui a fonctionné plutôt correctement semble-t-il.  Mais quid du contrôle des résultats, sans dépouillement physique et présentiel possible - . F. Says rappelan dans la foulée que les Pays-Bas, accros au vote électronique pendant dix ans, viennent d'y renoncer.

Mais surtout, pour accréditer le souffle de modernité sur la PP, il faudrait que les modalités aient été transparentes, carrées. Ce qui ne fut pas le cas, en imposant des candidats contre leur gré (Mélenchon, Jadot, Hidalgo), en n'incluant pas Roussel, représentant du PC pourtant connu pour être ancré à gauche. Curieuse conception de la démocratie qui se veut populaire. A moins que les pratiques des ex de l'Est aient inspiré à l'insu de leur plein gré les organisateurs ?

La droite avait déjà vécu un tel psychodrame avec la primaire LR, à laquelle Bertrand refusait de participer, mais avait fini par s'y rallier, tel le bourgeois de Calais remettant les clés de la ville au vainqueur.

A droite, Valérie Pécresse, reine d'un jour, ne décolle pas, et mise, dit son entourage, sur février. Pour sortir de la prise d'otage dans laquelle elle semble engluée ?

Outre les non-candidats, il faudra compter aussi - parfois avec les mêmes - aux candidats de...témoignage.  S'ils franchissent la barre des 500 parrainages.

Philippe RIVET