Pourquoi il est grand temps d'arrêter les mélenc(h)onneries
L'heure est encore plus grave que grave. Gravissime après la digue qu'a fait sauter tout à fait officiellement Dupont-La-Joie en se ralliant à la candidate du FN qui en ferait bien son Premier ministre. Ce qui ne pourra qu'encourager les députés LR les plus durs à continuer le chemin déjà commencé vers l'extrême droite. Les Mariani, Ciotti, et autres Wauquiez par exemple. Après les très déjantées Boutin et Garaud.
S'il ne fallait qu'une seule raison pour faire barrage au FN en votant Macron, le ralliement de Dupont et consorts - historique au sens où c'est la première fois que Le Pen peut s'appuyer sur des alliés affichés - serait largement suffisant pour agir, et dire les choses clairement. Mais les pudeurs de gazelle de Mélenchon persistent. Ne pas appeler, en tant que chef de file d'un courant à voter pour le seul candidat républicain restant en lice devient de la complicité objective, de la contribution éhontée à la banalisation d'un parti dont tous les gênes le situent hors de la République, même si celle-ci, bonne fille (trop ?) le considère comme un parti légal, au même titre que les autres. Soit. Au nom de la liberté d'expression, à la justice de recadrer énergiquement dérapages et autres incitations à la haine qui agrémentent, si l'on ose dire, les déclarations des cadres de ce parti qui prospère sur la haine de l'autre.
Mais Mélenchon n'en a cure. Si personne ne peut le soupçonner de voter Le Pen, il faut aussitôt remarquer qu'il se refuse de faire le travail jusqu'au bout, lui qui nous donne des leçons de République à n'en plus soif. Accepter de banaliser le FN, c'est affaiblir la République, c'est confirmer toute l'ambivalence du populisme, pointée l'autre matin sur France Culture par le philosophe Frédéric Worms : " le populisme se partage entre la dénonciation critique et le ricanement cynique". On peut entendre et comprendre la première part (c'est le côté "supportable" de Mélenchon). On ne peut que combattre la seconde, employée aussi parfois par Mélenchon et son équipe.
Mélenchon préfère la tactique à la République. Sacrifie l'intérêt général à son intérêt particulier. Pour devenir le (seul) leader maximo de la gauche au lendemain du second tour de la présidentielle.
C'est une faute morale. Cela a déjà été écrit par plume plus pertinente que la mienne. C'est la pure réalité.
Le choix du second tour est pourtant dramatiquement simple : c'est entre la démocratie (forcément imparfaite, mais perfectible avec tous), et la dictature (au pas de l'oie, et de la loi du plus fort). Il sera temps aux législatives de poser ses options dans un cadre républicain. Si l'obscurantisme nauséabond ne l'emporte pas. Mais ce ne sera pas grâce à Mélenchon.
Philippe RIVET