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Diagonales de l'actu

L'égalité des chances qu'ils disaient

11 Octobre 2015 , Rédigé par Philippe Rivet

L'égalité des chances qu'ils disaient

On entend parfois des énormités proférées dans l'espace public, en politique, en économie, en éducation. Mais dans ce dernier domaine, on atteint actuellement des sommets, dont la mauvaise foi le dispute à la piètre qualité intellectuelle dont les propos prétendent cependant se parer. Et dont on pouvait attendre en effet beaucoup mieux venant de la part d'intellectuels qui ont (trop) pignon sur rue, drapés dans leurs certitudes et leur mépris (Debray, Finkielkraut, Brighelli), les associations de profs spécialistes qui rivalisent de conservatisme.

Car il s'agit bien de cela. Que la réforme des collèges ne soit pas parfaite, personne le conteste vraiment. Mais de là à jeter le bébé avec l'eau du bain, il ne faut tout de même pas exagérer. Que ceux qui la critiquent, sous prétexte de dénoncer ses faiblesses, montent sur leurs grands chevaux essentiellement statutaires, révèle les limites de leur argumentaire. Et s'avère au fond contreproductif.

Surtout quand ils appellent au secours des universitaires, tel ce M. Charles Coutel, spécialiste de Condorcet, prétendre que l'égalité d'accès au savoir sera bafouée par l'autonomie des établissements.

Mais de qui se moque-t-on ? L'égalité des chances existerait-elle aujourd'hui dans une école montrée du doigt pour son caractère le plus inégalitaire des écoles en Europe, voire au sein de l'OCDE ? Qu'il faille veiller à encadrer l'autonomie des établissements est une évidence. Mais on attend surtout de la part des enseignants qui dénoncent la réforme du collège pas seulement qu'ils manifestent des préoccupations disciplinaires, mais déjà une vigilance vis-à-vis de la misère souvent cachée, ou ignorée, mais bien réelle, de leurs élèves tant sur le plan social que culturel.

Car curieusement, l'inégalité déjà patente entre établissements ne vient pas de l'autonomie, somme toute réduite, qui leur est octroyée aujourd'hui, mais de l'attention portée à l'accueil des élèves comme des petits d'homme. L'école a pour mission première les apprentissages des savoirs, mais comme mission complémentaire celle d'aider à la construction de futurs adultes. Missions indissociables. Pour peu qu'on veuille bien reconnaître et défendre l'éducation comme une fonction régalienne.

A ce titre, la diffusion du dernier film de Philippe Claudel, "L'enfance", dans les Espé et les formations continues, devrait être tout simplement obligatoire. Pour ne pas oublier la vraie vie que connaissent des élèves souvent plus nombreux qu'on ne l'imagine.

Philippe RIVET

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